Bonne Santé Actualité Vivre avec une personne dépressive : comment s’y prendre ?

Vivre avec une personne dépressive : comment s’y prendre ?

Épauler une personne dépressive, pas toujours évident

Quand la dépression frappe un des nôtres, c’est toute la famille qui souffre. Et si on n’y prend pas garde, on peut sombrer aussi. En effet, la dépression peut parfois ressembler à une maladie contagieuse.

La dépression : des signes à reconnaître

Les symptômes de la dépression sont multiples. Il faut qu’au moins cinq d’entre eux soient présents chez une personne pour qu’on diagnostique la dépression. Si la maladie n’est pas traitée, elle peut durer plusieurs mois, voire des années. Voici les symptômes courants :

  • sentiments dépressifs ou perte d’intérêt pour toute activité pendant au moins deux semaines
  • tendance à s’isoler
  • troubles du sommeil
  • troubles de l’appétit avec perte ou gain de poids
  • perte d’énergie et de plaisir
  • ralentissement ou agitation
  • difficulté à se concentrer
  • sentiments de culpabilité
  • pensées morbides (dans 60 % des cas)
  • pensées suicidaires (dans 15 % des cas)

La dépression en quelques chiffres (données INSERIM)

  • Plus de 20 % de la population française souffrira un jour de dépression au moins une fois dans leur vie
  • La dépression est la première cause au monde d’incapacité à long terme. Elle est également la principale cause d’absentéisme au travail.
  • Plusieurs années s’écoulent entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic médical.
  • En l’absence de traitement, de 10 à 20 % des personnes atteintes se
    suicident.
  • Le traitement de la dépression est efficace dans 70% des cas

vivre avec un homme deprimé

Venir en aide à un proche dépressif : un rôle difficile et… limité

Quand une personne est dépressive, c’est souvent tout l’entourage qui est atteint. En effet, comment ne pas se laisser toucher par l’humeur de la personne dépressive qui est parfois à la tristesse, à la colère et à l’agressivité ? Puis quand la maladie est si importante que la personne n’arrive plus à assumer ses responsabilités, ce sont les proches qui doivent s’en charger. Quoi de pire que de voir l’autre souffrir sans trop savoir quoi faire pour l’aider ? Faut-il accepter que celui ou celle qu’on aime passe ses journées à ne rien faire, par exemple, ou, au contraire, faut-il tenter de le secouer, l’obliger à réagir ?

Tous les spécialistes s’entendent sur un point : on n’obtient rien en acculant la personne au mur : «Bouge-toi… Secoue-toi un peu, fais quelque chose!» La personne dépressive n’a tout simplement pas cette force. C’est précisément cela, la dépression : se sentir couler sans avoir l’énergie nécessaire pour se reprendre en main. Il est donc inutile de forcer la personne à réagir. Au contraire, ce genre d’attitude ne fait qu’accentuer chez elle le sentiment de désespoir.

Il faut aussi faire attention aux bons mots d’encouragement : «Allez, tu es forte, tu vas t’en sortir!» Ils partent d’un bon sentiment, mais ils n’aident pas forcément la personne qui souffre et peuvent même l’amener à se sentir encore plus seule. Attention également aux remarques du genre : «Nous sommes très inquiets pour toi.» Elles risquent d’ajouter à l’angoisse de la personne ou de susciter chez elle de la culpabilité.

Inciter la personne déprimée à demander de l’aide

Ce que les proches peuvent faire de mieux pour la personne qui souffre est de l’aider à réaliser qu’elle n’est plus la même et qu’elle devrait s’adresser à un professionnel. On lui donne des exemples concrets qui lui feront mieux comprendre l’état dans lequel elle se trouve. On peut lui faire remarquer qu’elle dort tout le temps, par exemple, ou, au contraire, qu’elle ne dort presque plus, qu’elle est irritable, qu’elle pleure sans arrêt… En effet, avant qu’une personne se décide à consulter, il faut qu’elle prenne conscience et reconnaisse son état dépressif.

Cette prise de conscience est plus ou moins longue. C’est l’étape la plus difficile pour l’entourage. Tant qu’une personne refuse de consulter, on tourne en rond. Souvent, les gens ont peur de demander de l’aide. Ça fait partie des tabous qui entourent la dépression. On va rapidement voir un médecin pour un problème physique, mais on hésite à le faire quand on se sent dépressif. On pense être capable de s’en sortir tout seul. Pourtant, la personne dépressive a tout à y gagner. Ça peut lui faire peur, mais on peut tenter de lui faire comprendre que ça ne peut être pire que ce qu’elle vit actuellement.

Quand des enfants sont en cause, il est important de les mettre au courant de la situation. En effet, expliquer à l’enfant ce qu’est la dépression lui permettra de mieux comprendre certains comportements de son parent, de son frère ou de sa soeur.

Aider une personne dépressive : penser aussi à soi

Le danger pour les proches est de se laisser happer par l’autre, par sa maladie. Il faut faire attention de ne pas se perdre avec l’autre. Il faut même arriver à s’en détacher. On est son amie, sa mère, son conjoint ou sa conjointe, mais pas son psychologue. On peut être présent, l’écouter, lui offrir notre soutien. Mais il faut aussi établir des limites très claires quant à l’aide qu’on peut apporter et, surtout, ne pas s’empêcher de vivre à cause de l’autre. Si on a prévu de sortir avec des amis, par exemple, on essaie autant que possible de ne pas y renoncer.

Et si, un jour, on se sent soi-même dépassé par la situation, il peut être utile de consulter afin d’obtenir de l’aide et des conseils pour mieux soutenir la personne dépressive.

Lorsque la situation est sans issue

Quand la personne dépressive refuse de se faire aider et que sa situation, loin de s’améliorer, ne fait qu’empirer, les proches doivent parfois prendre des décisions déchirantes.

Heureusement, ce ne sont pas tous les conjoints qui doivent se résoudre à la séparation. La plupart du temps, la personne dépressive finit par accepter de consulter et de se faire aider. Tous les espoirs sont alors permis. La démarche est souvent longue et difficile. Il faut s’armer de patience et faire preuve de compréhension.Puis, petit à petit, la lumière commence à poindre au bout du tunnel.